Réponses
1 - Bibliothécaire Hélène Bert
- Espaces éditoriaux de rencontre et d'échange entre professionnels et chercheurs ?
Dans le domaine des bibliothèques le bbf et la revue "bibliothèques" sont deux autres espaces de rencontres et d'échanges, avec surtout des contributions de professionnels, et dans une moindre mesure me semble t il une place laissée à la recherche. Je n'identifie pas d'autre espace d'échange (mais c'est peut être la grippe qui me joue des tours). Un des intérêts de Dlis est la pluridisciplinarité pour moi.
- Valeur ajoutée publication d'articles dans Dlis ?
J'y ai trouvé une opportunité de distanciation par rapport à ma pratique professionnelle. Écriture et synthèse, et surtout relecture critique, m'ont permis pour chaque billet, de gagner en connaissance et en cohérence par rapport aux thématiques traitées. Chacun des billets a été lié à une journée d'étude ensuite, ce qui montre, il me semble, que cette vocation du carnet à susciter l'échange, même si les billets suscitent peu d'échanges (commentaires), dépasse son périmètre virtuel. J'avoue ne m'être pas posé la question d'un lectorat cible, je réalise que j'ai vraiment une démarche très personnelle (bilan d'expérience, synthèse de mon travail). C'est un peu comme de faire de l'alpinisme d'écrire dans ce carnet, je ne me serait jamais lancée seule, mais là, en cordée, ça va
2- Chercheur Olivier LeDeuff
- Estimez-vous dans vos pratiques d’exercice professionnel qu’il y a suffisamment d’espaces éditoriaux de rencontre et d’échanges entre les professionnels de l’information et les chercheurs en SHS, en particulier dans les champs des SIC et des DH ?
Il reste selon moi à définir ce que l'on entend par espaces. Disons qu'il existe des lieux ou milieux de publication dans lesquels peuvent s'effectuer des échanges. Je pense que l'enjeu n'est pas seulement de trouver des lieux, mais aussi de trouver des moments pour réaliser un travail de veille et de lecture de ce que font les autres. Les interactions se font sur des temporalités différentes, mais le plus opportun c'est les possibilités de poursuivre les échanges entre deux conférences, colloques et autres entrevues via les mails et les réseaux sociaux comme Twitter. On pourrait considérer que la liste DH gagnerait à inclure plus de débats et des formes contradictoires, voire des logiques référentielles pour améliorer les connaissances des uns et des autres. Pour l'instant, ce n'est pas vraiment le cas, si ce n'est à de rares occasions. C'est un peu plus le cas sur les listes anglosaxonnes. Il reste sans doute à imaginer d'autres formes de débats et de discussions qui puissent faire traces en dehors des séminaires sur le sujet qui existent désormais depuis quelques années. Il y a une histoire courte et une histoire longue des humanités digitales, il faut trouver les moyens pour inciter à y participer davantage et pour y faciliter les possibilités d'y prendre part. En ce sens, on a sans doute aussi besoin d'un retour des fameux ThatCamps dans des déclinaisons peut-être renouvelées et avec plus d'originalité. Je plaide d'ailleurs pour un ThatCamp piloté par les actrices du domaine qui sont nombreuses désormais alors que les statistiques démontraient que l'organisation de ces évènements et l'animation des ateliers étaient demeurés essentiellement masculin. J'espère que cela pourra se faire prochainement. Au niveau SIC, les échanges entre recherche et professionnels me semblent se faire de façon assez fréquente via le web, mais aussi via des évènements particuliers via le rôle des associations professionnelles notamment type APDEN ou ADBS. Il reste cependant à retrouver les aspirations et l'énergie d'antan lorsqu'un chercheur comme Jean Meyriat se trouvait présider à la fois la SFSIC (société française des sciences de l'information et de la communication) et l'Adbs. Cela pourrait sembler une forme de concentration de pouvoir, mais cela me semble assez opportun dans certaines périodes. C'est à mon sens le cas actuellement où la SFSIC cherche le placement opportun vis à des DH tandis que l'ADBS cherche un avenir autour d'un repostionnement avec les Data. Dans tous les cas, ce sont des périodes où il faut se montrer surtout visionnaire plutôt que de vouloir suivre des modes de manière contrainte, cela implique par conséquent une vision historique pour mieux envisager des perspectives qui ne soient pas à court terme.
- Quelle valeur ajoutée représente pour vous la publication d’articles sur un carnet de recherche tel que DLIS ?
Je crois qu'un tel carnet joue à la fois un rôle de médiation dans le sens de valorisation ou de vulgarisation, mais aussi qu'il représente une forme de collection. J'entends par collection l'idée de collecter et de mettre ensemble, ici dans une forme éditoriale via un carnet thématique qui va prendre sens au fur et à mesurer des ajouts. L'autre atout important est de rappeler que les carnets de recherche bénéficient d'une indexation via les moteurs de recherche dédiés comme Isidore. Dernier point, il y a dans les carnets de recherche une dimension de conservation à long terme qui semble mieux assurée du fait de la logique institutionnelle qui permet également une reconnaissance du travail qui est effectué. C'est moins le cas sur des blogs plys hybrides ou personnels, mais cela permet également une plus grande liberté d'expression et de formats.
En général, la publication sur des blogs ou carnets de recherche permet de toucher un public élargi. En ce qui concerne les SIC et les DH qui sont mes domaines de recherche, cela va des chercheurs et enseignants-chercheurs aux ingénieurs, bibliothécaires, étudiants, professionnels de l'information et autres publics intéressés par les questions de la formation et de la transmission. Mais cela peut concerner d'autres acteurs, les décideurs politiques ou économiques notamment.
3- Etudiante MASTER PUN Enssib : Bianca Tangaro
Pendant mon Master 2 en Publication Numérique à l’Enssib, j’ai eu la possibilité de contribuer à deux carnets de recherche sur la plateforme Hypothèses, un des deux était le carnet de recherche DLIS (Digital Libraries & Information Science). Je ne connaissais pas d’autres plateformes de blogs scientifiques au delà d’Hypothèses proposée par OpenEdition. C’est un espace de dialogue où en tant qu’étudiant par exemple, on peut commencer à rédiger de manière suffisamment libre, mais en même temps structurée, les premiers brouillons pour un mémoire, ce qui était mon cas.
Lorsqu’on sait qu’un carnet de recherche a un ISSN, donc un identifiant bibliographique unique et standardisé pour les revues en série, on s’oblige à une rédaction plus complète et formalisée par rapport à celle qu’on peut avoir sur un carnet privé (papier ou numérique d’ailleurs). Cela permet d’avancer dans son travail de rédaction. C’est un exercice intéressant que je conseille pendant la préparation d’un mémoire. La valeur ajoutée de ce type de publications, qui peut être vraiment envisagé comme un exercice dans les premières phases de rédaction d’un mémoire, ou d’un dossier de Master, est également dans le fait qu’on soumet son texte à des possibles commentaires et critiques. Dans mon cas, par exemple, après la publication de l’article sur
la conception du livre numérique sur le Carnet DLIS j’ai eu un retour de la part de
Hervé Bienvault avec qui j’ai pu continuer à discuter. J’ai pu prendre en compte ses suggestions et son point de vue. L’échange avec un professionnel m’a permis de prolonger ma réflexion, et ensuite, d’enrichir indirectement aussi mon mémoire. C’est pourquoi contribuer à un blog scientifique est un exercice que je ne peux que conseiller aux étudiants afin d’ouvrir un dialogue à la fois avec d’autres étudiants, mais aussi avec des enseignants-chercheurs et des professionnels. Si le public initialement visé est celui universitaire, on se rend compte rapidement que la publication numérique dans la forme du billet de blog permet l’échange avec des professionnels, ce qui peut être enrichissant et utile pour les SHS, nécessairement liées aux secteurs du livre et de l’édition.
4- Service de blogging scientifique d'Hypothèses : le réseau des carnets de recherche académiques en SHS
- Estimez-vous dans le cadre de vos missions de Blogging Scientifique, d’accompagnement des communautés et de valorisation des contenus d'Hypothèses, le réseau des carnets de recherche académiques en SHS - qu’il y a suffisamment d’espaces éditoriaux de rencontre et d’échanges entre les professionnels de l’information et les chercheurs en SHS, en particulier dans les champs des SIC et des DH ?
Il n’y a jamais trop d’espaces de rencontre entre les producteurs de savoirs et les acteurs de leur diffusion vers un public le plus large possible ! À la question de savoir si ces espaces existent en nombre suffisant, Hypothèses apporte un élément de réponse en proposant non pas un lieu unique de rencontre, mais autant d’espaces d’échanges potentiels que de carnets de recherche. DLIS en est un parfait exemple.
- Y-a-t-il beaucoup de carnets de recherche sur OpenEdition co-animés par des bibliothécaires et des chercheurs ?
Il y a actuellement, sur Hypothèses, une cinquantaine de carnets qui se présentent comme étant des “carnets de bibliothèques”. Parmi ceux-ci, certains sont co-animés par des chercheurs et des bibliothécaires, d’autres non. Il y a aussi d’autres types de carnets auxquels participent des bibliothécaires. Ces collaborations sont difficilement identifiables et quantifiables à notre échelle, car elles constituent l’essence même d’Hypothèses dans ce qu’elles ont de souple, d’évolutif et de protéiforme.
- Quel est pour Hypothèses, le réseau des carnets de recherche académiques en SHS, l’intérêt et la valeur ajoutée d’un carnet de recherche comme DLIS, comparé d’un côté aux carnets de bibliothèques et de l’autre les carnets de chercheurs ?
DLIS illustre parfaitement l’hybridation formelle et éditoriale que l’on peut trouver sur Hypothèses et que nous encourageons. Il s’agit ici de faire se croiser différentes catégories d’acteurs issus du monde académique pour produire des contenus qui toucheront, in fine, un public large et divers.Pour autant, l'intérêt de cette approche particulière ne remet pas en cause la pertinence de celle portée par les carnets de bibliothèques et de chercheurs, au sein desquels d’autres formes d’exploration et d’hybridation éditoriales et thématiques peuvent être mises en place.
- Mettez-vous des contenus de ce carnet en avant sur le portail d’Hypothèses ? Si oui selon quels critères ?
Ceci est un commentaire et non une réponse à la question posée : la valorisation mise en place sur les portails d’Hypothèses part notamment du principe que nous ne valorisons pas certains types de contenus via ces espaces (annonces d'évènements, appels à contribution, résumés d’éditeurs…). Aussi, nous valorisons régulièrement les productions du carnet DLIS, mais cela au même titre que les productions de l’ensemble des autres carnets de la plateforme. Il nous semble donc que notre réponse ici ne servirait pas à mettre en valeur les spécificités de ce carnet, qui ne constituent pas des critères déterminants dans ce processus particulier de valorisation.